Carte n° 51230: Verbes irréguliers: «être», 2^e personne singulier de l’indicatif présent

Corpus

La carte n° 51230 utilise les données provenant des énoncés «Tu es né/née à …?», «Est-ce que tu t’es assis/assise sur le tabouret?» et «Où est-ce que tu es allé/allée?» du questionnaire commun, six énoncés en tout qui ont également servi à l’étude de la morphologie du participe passé de «naître» (carte n° 42320) et de «s’asseoir» (cartes n° 42110 et 42120) ainsi que, dans les parlers qui rendent «être allé» par «être été» ou «être eu», dans l’élaboration de la carte n° 42311. Avec les attestations spontanées supplémentaires, nous avons recueilli une dizaine d’occurrences pour chaque parler, 283 attestations en tout.

Relevés antérieurs

La 2^e personne singulier de l’indicatif présent d’«être» fait l’objet de la carte n° 501 de l’ALF. Elle n’a pas été recueillie par les TP.

Le principal mérite de la carte de l’ALF est d’attester la présence d’une forme en ĭ (au point 979 Lens) à côté des formes en  dans tous les autres points d’enquête. En revanche, cette carte n’est évidemment pas en mesure de documenter le fait que les formes en [i] et en [e] sont (et étaient sans doute déjà au moment de l’enquête de l’ALF) co-présentes dans la majorité des parlers valaisans, et que les formes en [i] sont beaucoup plus répandues que ne le laisse penser cette carte.

Cartographie, analyse

L’intérêt de la carte n° 51230 «tu es» est essentiellement phonétique; nous la reproduisons surtout pour compléter le paradigme d’«être» et pour permettre la comparaison avec les cartes n° 41342 «elle est / il est» et 51540 «vous êtes» qui présentent un vocalisme semblable. Elle documente les différentes voyelles du radical ([i, ɪ, , ʏ] , [ei] , [e, ɛ] ) qui coexistent dans une bonne moitié des parlers étudiés.

Dans le tableau des formes, étant donné que l’emploi du clitique sujet «tu» est presque toujours obligatoire – les seules exceptions, dans nos matériaux, concernent le parler de Vouvry, lorsqu’un énoncé contient déjà un pronom sujet tonique – nous indiquons aussi l’emplacement de celui-ci (proclise, réduplication et enclise) dans les énoncés recueillis, majoritairement interrogatifs. Cf. cependant aussi les cartes n° 32030, 71320 et 71330 pour une documentation plus systématique de la syntaxe (ordre des mots) dans les propositions interrogatives.

Dans plusieurs parlers de l’Est valaisan, on relève des énoncés qui attestent l’évolution phonétique régulière du -st- intervocalique > [θ, s, h, ɦ] dans les interrogatives à inversion (es tu > [e θʏ, e hu, i ɦɔ, e ʀʊ], etc.; à ce sujet, cf. aussi la carte n° 32020). Ces formes indiquent que le ‑s final du verbe s’est conservé dans la prononciation jusqu’au moment, difficile à dater, où le ‑st- intervocalique est devenu [h, ɦ], etc. – et que l’emploi du «tu» était déjà généralisé à ce moment-là.

Suite à cette évolution, chez les deux témoins d’Arbaz, le [hu] , forme amalgamée qui représente le ‑s du verbe et le «tu» sujet enclitique, peut même représenter seul la forme verbale avec son clitique sujet agglutiné.