Carte n° 41220: Verbes en -āre à radical palatalisant (conjugaison 1B): l’infinitif d’irrigāre ‘arroser’. (1) La forme du radical

Généralités

Les cartes n° 41110 à 41230 documentent la morphologie de l’infinitif des verbes de la 1^re conjugaison (< lat. -āre) selon la bipartition de ces verbes qui est caractéristique pour le francoprovençal:

– les cartes n° 41110 («aller») et 41120 («vêler») pour des verbes sans radical à effet palatalisant (conjugaison 1A),

– les cartes n° 41210, 41211 et 41212 («manger»), 41220, 41221 et 41222 (irrigāre, molliāre ‘arroser’) et 41230 (bajulāre ‘donner’) pour les verbes dont le radical exerce une influence palatalisante (conjugaison 1B).

En particulier, les cartes examinent d’éventuelles influences analogiques du type 1A sur le type 1B et inversement.

Corpus

Les cartes n° 41220, 41221 et 41222 «arroser» sont complémentaires. Elles utilisent les données provenant de l’énoncé «Elles vont arroser les fleurs au cimetière» du questionnaire commun aux deux sexes, et de l’énoncé «Quand il fait chaud, il faut arroser le jardin» du questionnaire féminin.

Tous les témoins ont répondu à la première question; 23 informatrices sur 24 ont répondu à la deuxième. Malgré cela, les cartes de cette série restent très incomplètes. Le verbe traditionnel du francoprovençal valaisan èrdz ‘arroser’ (graphie du GPSR, < lat. ĭrrĭgāre) que nous avons choisi pour illustrer les formes d’un verbe à radical palatalisant se terminant en -g- étymologique est fortement concurrencé par d’autres types lexicaux: «arroser», probablement emprunté au français (cf. GPSR 2: 19), présent dans 12 parlers (parfois à côté d’èrdz), «mouiller» aux Marécottes et à Lourtier, ainsi que des tournures alternatives («donner, porter, mettre de l‘eau»). Du moins, le verbe «mouiller» (lat. *mŏlliāre) appartient également à la conjugaison 1B; les attestations correspondantes peuvent donc alimenter la carte 41221.

Relevés antérieurs

L’infinitif «arroser» fait l’objet de la carte 60 de l’ALF. Malgré son réseau d’enquêtes plus lâche que le nôtre, elle atteste les mêmes phénomènes phonétiques et les mêmes types lexicaux que notre enquête: rjy (et variantes) au centre et dans l’est valaisan; rz (et variantes) dans les parlers du Chablais, en Vallée d’Aoste et en Haute-Savoie, ainsi que le type v, v (< lat. aquare; FEW 25: 69) en Vallée d’Aoste. N’y manquent que le type [mˈljë] litt. ‘mouiller’ que nous avons recueilli à Lourtier et aux Marécottes, ainsi que la périphrase «mettre de l’eau» de Val-d’Illiez.

ALF, carte n° 60 «arroser»

Cartographie

Pour une meilleure lisibilité des cartes et pour faciliter la comparaison entre les différents types de conjugaison (et les formes du participe passé), nous avons séparé l’information sur la forme du radical verbal d’une part (ici, carte n° 41220) et sur la forme de la désinence de l’autre (carte n° 41221). La carte n° 41222 présente la synthèse des deux cartes précédentes.

La carte n° 41220 se concentre sur les différents résultats de l’évolution phonétique du -g- latin intervocalique devant -a- dans le radical d’èrdz (< lat. ĭrrĭgāre). Nous distinguons

– les formes «chuintantes», affriquées ( [dʒ]) ou non affriquées ( [ʒ]),
– les formes «sifflantes», non affriquées ( [z, ʑ]).

Comme dans la carte analogue n °41210, les formes non affriquées (, ) se trouvent dans la plupart des parlers valaisans orientaux; les formes affriqueés () sont plutôt présentes au centre du domaine.