Carte n° 62610: «se lever». Morphologie et emploi du subjonctif présent, 3^e personne du pluriel

Corpus

La carte n° 62610 a été établie sur la base de l’énoncé «Il ne faut pas que les enfants se lèvent trop tard» du questionnaire commun. Les reformulations spontanées sont relativement rares, de sorte que nous avons pu relever la forme voulue dans presque tous les parlers à l’exception des Marécottes où les deux informateurs ont reformulé l’énoncé («Les enfants doivent prendre l’habitude de se lever de bonne heure», «Il faut pas que les enfants .. prennent le pli .. de rester au lit») et de Miège, où l’emploi de «compter» pour «falloir» (cf. carte n° 71120) modifie la syntaxe de la phrase.

Analyse

1. L’emploi d’une forme du type [levˈaj, lvˈɑj] correspondant à un présent du subjonctif étymologique de la 1^re conjugaison est attesté dans les trois points d’enquête habituels du Chablais (Vouvry, Troistorrents, Val-d’Illiez). À cela s’ajoute le parler de Sixt, avec une forme supplémentaire du présent du subjonctif en [j] ([levjˈ]).

2. Tous les autres parlers étudiés utilisent des formes en [s] ou [ʃ] ( [aʃ, as], [eʃ, es; øʃ, øs], [iʃ, is; ʏʃ]) qui remontent au plus-que-parfait du subjonctif latin, mais expriment désormais le subjonctif sans indication temporelle (cf. la carte 63300).

• Les formes étymologiques attendues pour un verbe de la première conjugaison à radical non palatalisant (formes en -[ˈɑs]- : [ləvˈɑs]-, ou [eˈaʃ]- avec chute de [l] et [v]) ne se trouvent qu’à Nendaz (où son emploi est constant) et à Lourtier.
• Partout ailleurs, on observe des morphèmes du subjonctif en -[es, eʃ; øs, øʃ] (6 parlers) et surtout en -[is, iʃ, ʏs, ʏʃ] (13 parlers). Dans certains parlers (Isérables, Orsières, St-Jean), les types en [es, eʃ] et en [is, iʃ] coexistent; le corpus disponible ne permet pas d’identifier d’éventuels facteurs expliquant le choix de l’une des deux formes. Pour les Marécottes, nous avons complété le tableau par une forme provenant d’une autre conjugaison.
• Les informateurs de St-Jean n’utilisent pas la forme [iʃɑʃ, ʏʃɑʃ] (cf. les cartes n° 62120, 62130, 62210) au pluriel.

3. Une seule réponse a été donnée au présent de l’indicatif (Chalais).

4. La comparaison entre les cartes n° 62410 (1^re personne du pluriel) et 62610 (3^e personne du pluriel) montre de nombreuses homophonies entre les deux personnes grammaticales, surtout dans les parlers du Valais «épiscopal» (formes en [isˈ, ɪʃˈ]) et dans les deux points d’enquête valdôtains. Dans le cas examiné ici, l’identification de la personne grammaticale reste cependant toujours assurée par le pronom réfléchi.