Carte n° 42310: «être»: les formes du participe passé

Généralités

La carte n° 42310 regroupe toutes les informations disponibles pour la morphologie du participe passé et la syntaxe du passé composé d’«être». Pour une présentation simplifiée de la syntaxe du passé composé du même verbe, basée sur les mêmes données, voir la carte n° 42311.

Corpus

Tous les parlers étudiés remplacent très souvent «être allé» par «avoir été» (cf. GPSR 1: 284). Par conséquent, la plupart des attestations pour le participe passé d’«être» proviennent de la séquence d’énoncés du questionnaire commun aux femmes et aux hommes contenant une forme du passé composé d’«aller»: «Hier après-midi, je suis allé(e) aux foins.», «Où est-ce que tu es allé(e)?», «Avant-hier soir, il est allé au café.», «Avant, il était allé à la grange.», «Ce matin, elle est allée au galetas.», «Dimanche passé, ils sont allés à l’église.», «Hier soir, elles sont allées à la messe». À cela s’ajoutent certaines attestations supplémentaires provenant de reformulations ou de réponses spontanées. En tout, nous avons recueilli 281 attestation.

Relevés antérieurs

La forme du participe passé d’«être» et la formation du passé composé ont été relevés par deux énoncés des TP (col. 306 «elle a été (mal chantée)» et 308 «elles ont été (mal chantées)»). Les réponses montrent trois types de formation: (1) «avoir été» (5 parlers: St-Gingolph, Collombey, Champéry, Nendaz, Évolène), (2) «être été», le plus souvent avec accord du participe en genre et en nombre (7 parlers: Martigny, Orsières, Lourtier, Fully, Conthey, Savièse, Grône), (3) «être eu», avec substitution du participe d’«être» par celui d’«avoir», en partie également avec accord du participe (3 parlers: Ayent, Miège et Grimentz). Les cartes ALF 521 «(la chaleur) a été (tardive)», 522 «nous avons été (riches et heureux)» et 1710 «elle a été (bien soignée)» n’apportent pas d’informations supplémentaires significatives.

TP col. 306 «elle a été (mal chantée)» et 308 «elles ont été (mal chantées)»

Cartographie, analyse

Dans la carte, nous distinguons

(1) les formes en principe invariables du participe passé d’«être» ([itˈa, etˈo], etc., < latin statu, du paradigme de stare) dont le passé composé se forme avec «avoir» (comme en français) – un accord logique avec le sujet ne s’observe que dans un énoncé de l’informatrice d’Isérables,

(2) les formes du participe passé d’«être» (également [itˈa, etˈo], etc., < latin statu), mais dont le passé composé se forme avec «être» (comme en italien ou en occitan), et qui s’accordent en principe avec le sujet du verbe.

(3) En jaune (, , , etc.), nous symbolisons les différentes formes du participe passé d’«avoir» ([aˈup, ʒuk, ty], etc., < latin *habūtu) qui sont entrées dans le paradigme d’«être», forment le passé composé avec «être» («être eu» pour «avoir été») et s’accordent en général en genre et en nombre avec le sujet du verbe (pour des précisions sur la morphologie de ces formes, voir la carte n° 42315).

Selon nos relevés, les trois formations déjà attestées par les TP restent bien vivantes. Ce que les TP ne montrent pas, c’est qu’en partie elles peuvent coexister dans un même parler. En outre, le type (3) «être eu» est beaucoup plus largement implanté que ne le laissent penser les listes des TP: il se trouve dans 11 parlers sur 25, surtout dans l’est du domaine, mais aussi aux Marécottes et à Liddes, et même dans des parlers où la forme manque dans les TP (Évolène, Nendaz).

Dans nos matériaux, les formes du type (1) et (2) coexistent à Vouvry, Sixt, Chamoson, Isérables, Lourtier et Torgnon.

Les formes du type (3) coexistent avec le type (1) ou (2) dans quatre parlers:

– à Évolène et à Hérémence, les formes du type «être eu» sont clairement majoritaires. Dans les deux parlers, 15 attestations d’«être eu» s’opposent à une seule forme du type «être été». Les deux formes ne sont pas interchangeables: d’après nos informateurs, «être été» apparaît dans les tournures passives (cf. les énoncés «Le tablier est été bien repassé» à Évolène, «la vieille église qui a été démolie» à Hérémence), comme dans les deux tournures passives documentées dans les TP; «être eu» est employé comme substitut d’«être allé» (cf. aussi GPSR 6: 907, II.4.b)..

– à Nendaz, l’informatrice privilégie les formes du type «avoir été» (9 occurrences) contre 1 attestation pour «être été», alors que l’informateur montre un équilibre presque parfait entre «avoir été» (6 attestations) et «être eu» (7 attestations).

– à Liddes le témoin masculin a produit 2 attestations d’«être eu» contre 6 attestations pour «être été». L’informatrice de Liddes n’a répondu que par des formes du type ««être été» (5 attestations).