Carte n° 51605: Verbes en -are: «acheter», 3^e personne pluriel (3pl) de l’indicatif présent

Les cartes n° 51605 à 51685 documentent la morphologie de la 3^e personne pluriel de l’indicatif présent. Elles sont à comparer avec les cartes 51420 à 51490: en effet, pour certains verbes, les désinences de la 1^re et de la 3^e personne du pluriel tendent à être identiques ce qui, en l’absence d’un clitique sujet, facultatif, peut poser des problèmes d’identification des formes. Pour faciliter la comparaison, nous utilisons les mêmes symboles pour identifier les désinences individuelles des deux séries.

Corpus

La carte n° 5160 «ils/elles achètent» utilise les données provenant de l’énoncé «Les aiguilles pour tricoter, les femmes les achètent à la mercerie» du questionnaire commun. À cela s’ajoute un certain nombre de reformulations (emploi de la 3pl comme expression du sujet indéterminé, à la place de «on», accord logique au pluriel avec «tout le monde», etc.). Malgré cela, la forme n’a pas pu être enregistrée dans quatre parlers (Chalais, Savièse, Sixt, Val-d’Illiez) où l’énoncé prévu a fait l’objet d’une reformulation («elles vont acheter» pour «elles achètent», etc.).

Relevés antérieurs

La 3pl de l’indicatif présent des verbes de la 1^re conjugaison est documentée dans trois cartes de l’ALF (353 «elles crèvent», 679 «qui habitent», 1064 «ils portent»); elle n’est pas attestée dans les TP. Les trois cartes de l’ALF ne présentent pas de divergences notables quant à la morphologie de la 3pl du pluriel. La carte ALF n° 1064 comporte deux attestations pour chaque parler; la forme a été relevée dans deux contextes différents («les chênes portent des glands, ils portent le deuil»).

Cartographie, analyse

Les formes attestées dans nos matériaux pour le morphème de la 3pl d’«acheter» se présentent comme un sous-ensemble de celles que nous avons relevées pour la forme analogue de «travailler» (carte n° 51611), où le nombre d’attestations est plus élevé. On n’observe aucune différence significative entre les verbes de la conjugaison 1A (verbes à radical non palatalisant) et de la conjugaison 1B (verbes à radical palatalisant).

• La principale désinence de la 3^e personne du pluriel, selon nos matériaux, est ‑[] (19 parlers sur 21 parlers attestés).

• Alors que l’ALF enregistre une forme en ‑ au point 968 et une valeur intermédiaire entre ‑ et ‑õ au point 977, dans nos propres matériaux, ‑[] ne se trouve qu’en Haute-Savoie (La Chapelle-d’Abondance). Pour une présence plus large des formes en ‑[] en Valais, cf. cependant la carte n° 51611.

• Les formes en ‑[] semblent aussi avoir progressé au détriment de la désinence ‑, présente aux points 988 et 989 de l’ALF, mais apparaissant dans un seul point, dans nos matériaux (‑[] à Lens), en concurrence avec ‑[]. Pour une présence plus importante de [] dans l’Est valaisan, cf. la carte correspondante de la 3pl de l’imparfait (n° 52602).

• La désinence ‑[ɛn] qui semble isolée à Évolène sur cette carte, est nettement plus fréquente dans les cartes parallèles n° 51611 «ils/elles travaillent» et 51620 «ils/elles mangent».

• À la différence de la désinence de la 1^re personne du pluriel (cf. en particulier le commentaire de la carte n° 51422), la désinence de la 3^e personne du pluriel ne porte jamais l’accent tonique. C’est ce qui pourrait expliquer l’amuïssement sporadique de la désinence qui se manifeste facultativement avec la plupart des formes verbales plurisyllabiques de notre corpus (cf. les cartes n° 51611, 51620, 51650, 51672), comme c’est le cas ici à Chamoson, Isérables et Liddes).

Nous n’insistons pas ici sur la variation purement phonétique du radical verbal qui reflète différents aboutissements du -cc- intervocalique devant -a- (< lat. *accaptare). Pour des précisions à ce sujet, cf. l’article acheter de GPSR 1: 104.