Carte n° 52350: Verbes irréguliers: «vouloir», 3^e personne singulier (3sg) de l’indicatif imparfait

Généralités

L’imparfait de «vouloir», ensemble avec celui de «faire» (carte n° 52342), a été choisi pour illustrer la morphologie de l’imparfait des verbes en lat. -ĕre et en -ēre qui présentent des résultats communs en francoprovençal moderne (cf. Martin 1990: 682), par opposition aux verbes en lat. -are (cartes n° 52310 et 52320) et en -īre (carte n° 52370). De nombreux phénomènes d’analogie perturbent cependant la distinction nette des trois types de conjugaisons.

Corpus

La 3sg de l’indicatif imparfait de «vouloir» a été relevée au moyen de l’énoncé «Mon père voulait toujours que je me lève à six heures» du questionnaire commun. Quatre informateurs ont reformulé leur réponse; l’enquête de ChalaisF est incomplète.

Relevés antérieurs

L’imparfait de «vouloir» manque dans les travaux géolinguistiques antérieurs.

Cartographie, analyse

Remarques sur la forme du radical

Étant donné que le [v-] et le [-l-] sont fragiles dans de nombreux parlers valaisans et peuvent s’amuïr complètement, on remarque de nombreuses formes très réduites. À côté de formes pleines comme [vlˈeː] à Conthey, on trouve donc [ɔlˈeɪ] à Hérémence, [ɔlˈi, ɔlˈit] à Lens et Montana, [ʋoˈɛ] à Lourtier, et [oˈe] à ArbazF (mais [vˈoje], avec conservation du [v-] initial et [-j-] à la place du [-l-] pour éviter l’hiatus dans la forme d’ArbazM). Comme c’est la désinence qui porte le plus souvent l’accent tonique, la voyelle du radical peut même se réduire à [w], à IsérablesF ([we]), NendazF ([w]) et Savièse ([wˈie]).

Morphologie de l’imparfait

Comme dans le cas analogue de «faire» (carte n° 52342), la morphologie de l’imparfait de «vouloir» est fortement caractérisée par des évolutions et des substitutions de nature analogique qui se sont produites à différents moments de l’histoire de la langue, en partie déjà en latin parlé populaire.

• Le morphème de l’imparfait attendu pour un verbe en ‑ēre à la 3^e personne du singulier (< lat. *volēat pour volēbat, par analogie avec l’imparfait du verbe «avoir», avēat en latin parlé populaire; cf. le commentaire de la carte n° 52230) est une forme en [‑e‑, ‑ɛ‑], plus rarement en [‑i-, ‑ʏ-]. Dans notre corpus, des formes de ce type sont attestées dans 19 parlers sur 25. Le [-ei-] d’Hérémence correspond sans doute à une diphtongaison du ‑ē- de ‑ēat (comme dans la forme analogue de l’ancien français voleit). La diphtongue durcie ‑[ek] d’Évolène s’inscrit dans ce même contexte.

• Des formes analogiques en [-ev-, -ɛv-] ou en [‑iv‑, ‑yv‑], influencées par le paradigme de la conjugaison 1B (cf. le commentaire de la carte n° 52320) se trouvent dans les six mêmes parlers que pour «faire» (Chamoson, Chalais, Miège, Chalais, St-Jean et Torgnon), en partie en concurrence avec les formes étymologiques sans [-v-].

• Des formes d’origine analogique en [a, ɑ, æ], voire en [av], correspondant aux désinences de la conjugaison 1A (cf. la carte n° 52310), apparaissent dans six parlers (Fully, Troistorrents, Val-d’Illiez, La Chapelle-d’Abondance, Vouvry et Bionaz), dans les mêmes zones que les formes correspondantes de «faire», en partie également en concurrence avec les formes étymologiques.

Morphologie de la 3^e personne du singulier

• Les désinences de la 3^e personne du singulier en [-i, -ʏ, -e, -, -ɛ, -ə], ou parfois complètement amuïes (ou confondues avec la voyelle du radical, après la chute du [-l-] étymologique), de la même nature que celles de la 2^e personne du singulier (cartes n° 52210 et 52220), ne présentent aucune particularité notable par rapport aux autres temps et modes.

• La conservation sporadique de la consonne finale morphologique [-t] dans les parlers de l’Est valaisan (cf. aussi la carte n° 51350) est attestée dans nos matériaux pour Montana.