Carte n° 24024: Synthèse: pronoms et déterminants démonstratifs du masculin singulier  

⇒ Pour les généralités concernant tous les démonstratifs, voir le début du commentaire de la carte n° 24010.

Corpus

La carte n° 24024 synthétise les données utilisées pour l’établissement des cartes n° 24020 et 24022 (pronoms démonstratifs masculins de la proximité et de l’éloignement), complétées ici par les attestations dispo­nibles pour les déterminants démonstratifs masculins dont la morphologie est identique à celle des pronoms dans la plupart des parlers.

Notre questionnaire comprenait une dizaine d’énoncés permettant d’étudier l’emploi du déterminant démonstratif masculin. Une idée de proximité est évoquée par «Ce matin, elle est allée au galetas» et «Le voisin a pris quatre taupes ce printemps» (questionnaire commun), «Ce matin, il m’a fallu encore (lui) recoudre un bouton» et «Ce matin, j’ai bêché mon jardin» (questionnaire féminin), «Cette année, sur treize veaux, j’ai eu six vachettes et sept taurillons» (avec l’emploi masculin de «cet an»; cf. le commentaire de la carte n° 24014), «Ce printemps, on a pu sortir les génissons à la mi-avril» et «Le coq a chanté tôt ce matin» (questionnaire masculin). L’éloignement est évoqué par les énoncés «Pendant ce temps-là, je coupe du petit bois» et «Pendant ce temps, on s’occupe du fromage» (questionnaire masculin). Les énoncés contenant l’expression «ce soir» («Qu’est-ce que vous allez manger ce soir?», «Ton fiancé viendra ce soir» et «Si tu venais ce soir …»), se sont révélées inutilisables pour cette thématique, «ce soir» étant généralement rendu par [anˈi, anˈɛt] ou par le féminin [sta ni, sta nˈɪtə]. Quelques réponses spontanées supplémentaires complètent le corpus.

Dans une tentative de documenter aussi fidèlement que possible les différents systèmes déictiques (bi-ou tripartites) observables dans les parlers individuels, nous avons légèrement complété nos données par des indications provenant des dictionnaires bilingues et d’études monographiques disponibles pour certains parlers (cf. les notes 2 à 6 du tableau des formes).

Analyse

Les parlers qui possèdent une deixis tripartite de pronoms/déterminants démonstratifs masculins mor­phologiquement distincts sont moins nombreux que pour le féminin (carte n° 24014): celle-ci n’est attestée que pour ArbazF et ChalaisM (la situation de St-Jean n’est pas très claire). Éventuellement, une meilleure documentation permettrait de compléter cette liste par d’autres parlers de la région de Sierre.

Partout ailleurs, le démonstratif masculin est exprimé soit par une seule forme (parlers de Liddes, Lourtier, Orsières, Bionaz et TorgnonM; dans ce cas, la réalisation d’une deixis bi- ou tripartite repose entièrement sur les adverbes déictiques [si/se], [ŋkjˈɛ], [li/le], cf. la carte n° 24030), soit, dans la majorité des parlers, par une forme spécifique de la proximité et une forme pour l’éloignement, qui peut être précisée à son tour par des adverbes déictiques pour la réalisation d’un système à deux degrés d’éloignement.

Morphologiquement, trois parlers (Arbaz, Sixt, Troistorrents) laissent entrevoir une concurrence entre deux formes de la proximité ( [stjə, st, sti] et  [si]. [sti] est également attesté à Hérémence, Savièse et Vouvry. Sinon, c’est  [si] qui domine comme forme de la proximité dans les parlers situés à l’ouest de Sion.

La forme dominante pour l’éloignement est  [se]. Une éventuelle distinction entre les deux degrés d’éloignement est réalisée par l’emploi des adverbes déiciques [ŋkjˈɛ] et [li/le] (cf. carte n° 24030).

Les parlers de Chalais et d’Hérémence permettent d’observer une distinction entre les formes du pronom et du déterminant du 2^e degré d’éloignement: [hli(ɡ), ʁlɪ(ɡ)] pour le pronom,  [hil, kɛl] pour le déterminant à Chalais;  [ʃeː (lɪ)] pour le pronom, mais  [hœl] pour le déterminant à Hérémence.