Carte n° 51370: Verbes irréguliers: «venir», 3^e personne singulier de l’indicatif présent

Corpus

La 3^e personne de l’indicatif présent de «venir» et de ses composés était prévue dans deux énoncés du questionnaire féminin: «La semaine qui vient, elle verra tous ses frères et sœurs», «Je me demande si mon parrain se souvient encore de moi». En réalité, les attestations recueillies sont bien plus nombreuses, chez les témoins des deux sexes, l’adjectif «prochain» (dans «la semaine prochaine», «mardi prochain») étant très souvent rendu par la tournure «qui vient». De plus, «venir» apparaît dans de nombreuses paraphrases: «Quand la nuit vient» pour «quand la nuit tombe», «quand vient la grêle» pour «quand il grêle», «quand l’automne vient» pour «en automne», etc. Notre carte est établie sur la totalité des formes attestées, 214 occurrences en tout.

Relevés antérieurs

La 3^e personne singulier de l’indicatif présent «il vient» est documentée par la carte ALF 1363 «il vient, (c’est la troisième fois) qu’il vient». Le polymorphisme qui caractérise la forme dans nos données n’y est absolument pas attesté; la chute du [v] initial, assez fréquente dans nos matériaux dans les parlers du Valais central et oriental, n’y apparaît qu’à Lens (pt. 979). Malheureusement la forme manque dans les TP.

Cartographie, analyse

Comme pour la carte analogue de la 1^re personne du singulier (carte n° 51171), la carte n° 51370 superpose deux informations concernant la morphologie du radical – de toute façon, il n’y a pas de désinence exprimée:

• la nature de la voyelle, qui peut se réaliser par toutes les voyelles antérieures, arrondies et non arrondies, parfois nasalisées, voire même, dans les parlers du Chablais et en Haute-Savoie, comme voyelle du degré d’aperture maximal [ã].
  Mis à part les formes en [ã] limitées aux parlers occidentaux, la répartition des formes individuelles dans l’espace valaisan semble assez aléatoire; dans de nombreux parlers, les formes en [e, ɛ] et en [ø, œ], etc. coexistent. La carte ne permet de reconnaître aucune «logique» géolinguistique à ce sujet.
  Dans la chaine parlée, l’emplacement de l’accent dans les formes diphtonguées est souvent flottant et difficile à identifier. Les indications que nous donnons (diphtongues montantes ou descendantes) sont sujettes à caution.
• la nature de la charpente consonantique:
  • maintien ou chute du [v] initial: dans de nombreux parlers orientaux regroupés par l’«isoglosse» esquissée en pointillés, à partir d’une ligne Savièse-Conthey-Nendaz-Hérémence, les formes avec ou sans [v] coexistent. Ce ne sont que les parlers d’Arbaz (toutes les formes commencent par [v], contrairement aux habitudes de ce parler) et de Montana (aucune forme à [v] initial, également en opposition avec les habitudes de ce parler qui maintient en général le [v]) que font exception.
  • la réalisation ou non d’un appendice nasal et sa forme ([n, ɲ, ŋ, m]) ne sont indiquées que dans le tableau des formes.