Carte n° 41210: Verbes en -āre à radical palatalisant (conjugaison 1B): l’infinitif de «manger». (1) La forme du radical

Généralités

Les cartes n° 41110 à 41230 documentent la morphologie de l’infinitif des verbes de la 1^re conjugaison (< lat. -are) selon la bipartition de ces verbes qui est caractéristique pour le francoprovençal:

– les cartes n° 41110 («aller») et 41120 («vêler») pour des verbes sans radical à effet palatalisant (conjugaison 1A),

– les cartes n° 41210, 41211 et 41212 («manger»), 41220, 41221 et 41222 (irrigāre, molliāre ‘arroser’) et 41230 (bajulāre ‘donner’) pour les verbes dont le radical exerce une influence palatalisante (conjugaison 1B).

En particulier, les cartes examinent d’éventuelles influences analogiques du type 1A sur le type 1B et inversement.

Corpus

Les cartes n° 41210, 41211 et 41212 «manger» sont complémentaires. Elles utilisent les mêmes données, provenant de l’énoncé «Qu’est-ce que vous allez manger ce soir?» du questionnaire féminin et des attestations supplémentaires obtenues grâce à des reformulations et des réponses spontanées, 67 attestations en tout. Tous les parlers sont attestés.

Relevés antérieurs

L’infinitif de «manger», verbe type pour la conjugaison 1B, fait l’objet de la col. 276 des TP. Les formes recueillies illustrent en bonne partie la diversité formelle de son radical et de sa désinence dans les parlers valaisans.

TP col. 276 «manger»

Cartographie

Pour une meilleure lisibilité des cartes et pour faciliter la comparaison entre les différents types de conjugaison (et les formes du participe passé), nous avons séparé l’information concernant la forme du radical verbal d’une part (ici, carte n° 41210) et la forme de la désinence de l’autre (carte n° 41211). La carte n° 41212 présente la synthèse des deux cartes précédentes.

La carte n° 41210 se concentre sur les différentes résultats de l’évolution phonétique du -c- latin intervocalique devant -a- dans le radical de «manger» (< lat. mandūcāre). Elle ne tient pas compte de la qualité de la voyelle initiale du radical qui est [, m , ] avec quelques variantes ultérieures, nasalisées ou non, et dont l’origine (< lat. *mindūcāre?) n’est pas entièrement clarifiée (cf. FEW 6/1: 176s.). Pour l’évolution phonétique du -c- latin intervocalique devant -a-, nous distinguons

– les formes «chuintantes», affriquées ( [dʒ, dʑ]) ou non affriquées ( [ʒ]),
– les formes «sifflantes», affriquées ( [dz]) ou non affriquées ( [z]),
– les formes interdentales ( [ð]).

Parmi ces différentes solutions, les formes non affriquées (, ) se trouvent dans la plupart des parlers valaisans orientaux; elles ne sont pas attestées dans les parlers occidentaux. Les deux parlers savoyards de notre corpus se caractérisent par l’emploi de la consonne interdentale ().