Carte n° 41120: Verbes en -āre à radical non palatalisant: l’infinitif de *vitellāre ‘vêler’

Généralités

Les cartes n° 41110 à 41230 documentent la morphologie de l’infinitif des verbes de la 1^re conjugaison (< lat. -āre) selon la bipartition de ces verbes qui est caractéristique pour le francoprovençal:

– les cartes n° 41110 («aller») et 41120 («vêler») pour des verbes sans radical à effet palatalisant (conjugaison 1A),

– les cartes n° 41210, 41211 et 41212 («manger»), 41220, 41221 et 41222 (irrigāre, molliāre ‘arroser’) et 41230 (bajulāre ‘donner’) pour les verbes dont le radical exerce une influence palatalisante (conjugaison 1B).

En particulier, les cartes examinent d’éventuelles influences analogiques du type 1A sur le type 1B et inversement.

Corpus

Pour étayer les résultats de la carte n° 41110 – et à la place de «chanter», habituellement utilisé dans ce genre d’enquêtes (cf. TP col. 315) – nous avons choisi le verbe «vêler», dérivé régulier en -āre du latin parlé populaire vitellu ‘veau’, dans l’énoncé «Châtaigne, je ne sais pas si je veux la faire vêler génisson ou si je la garde génisse» du questionnaire masculin. Tous les informateurs à l’exception de VouvryM1 ont formulé l’énoncé dialectal correspondant. Dans deux cas, à Liddes et à Sixt, ils ont utilisé des verbes alternatifs («porter» à Sixt, [tãpaɲönˈʏ], dérivé de tanpanyn ‘génisse qui vêle à deux ans’, GPSR 6: 786a s.v. ètanpan, à Liddes). Ces deux verbes appartenant également à la conjugaison 1A, ils peuvent compléter la documentation pour la question morphologique étudiée ici.

Relevés antérieurs

L’infinitif «vêler» n’a pas été relevé par les enquêtes géolinguistiques antérieures à la nôtre (ALF, TP).

Cartographie, analyse

– Dans 21 parlers sur 25, on trouve les infinitifs réguliers de la conjugaison 1A formés en /A/, du type [vilˈa, vilˈɑː, ʋlˈaː, valˈɑː, vlˈæ], etc. ou [vëjˈa, ʋeɪʋˈɑ], etc., avec amuïssement du [l] intervocalique et introduction d’une (semi-)consonne de transition. La carte n° 41110 ayant montré que les différentes qualités du /A/ ([æ, a, ɑ]) sont librement interchangeables, nous regroupons toutes les variantes sous un même symbole. Les vélarisations en [ɔ] observées sur la carte n° 41110 ne sont pas attestées ici.

– Deux parlers (Bionaz et Orsières) présentent des désinences analogiques en [i, ɪ] qui correspondent aux formes de la conjugaison 1B, comme sur la carte 41110. Les deux verbes de substitution, «porter» à Sixt et [tãpaɲönˈʏ] à Liddes, font partie de la même catégorie. Les variations de timbre de la voyelle tonique de la désinence ([i, ɪ, ʏ, e, ]) entrent dans le cadre du polymorphisme habituel de nos parlers.