Carte n° 34010: «nous». Morphologie et fréquence du clitique sujet préconsonantique de la 1^re personne du pluriel (CS.1pl précons.)

Corpus

Notre questionnaire contient 14 énoncés comprenant un clitique sujet préconsonantique à la 1^re personne du pluriel, 4 dans la partie commune s’adressant aux témoins féminins et masculins, 8 dans la partie s’adressant aux femmes et 2 dans la partie s’adressant aux hommes. Le nombre d’attestations effectivement récoltées est nettement plus élevé, surtout dans les parlers de l’Est valaisan où nous avons observé une forte tendance à remplacer le sujet indéterminé «on» dans les énoncés correspondants du questionnaire par «nous» (75 attestations à Montana,  48 attestations à St-Jean, etc.). En revanche, dans les parlers occidentaux – et surtout dans les parlers du Chablais et de la Haute-Savoie voisine – on observe la tendance inverse: une majorité d’informateurs tend à substituer le «nous» du questionnaire par «on», au point que nous n’avons enregistré aucune occurrence du CS.1pl précons. chez l’informateur de la Chapelle-d’Abondance (5 occurrences chez l’informatrice de la même localité), aucune chez l’informatrice de Sixt (1 seule occurrence chez le témoin masculin), et aucune chez l’informateur de Val-d’Illiez (5 occurrences chez l’informatrice); quant aux deux informateurs de Vouvry, ils ont fourni 3 attestations en tout. Cette question est analysée en détail à la carte n° 37020.

Relevés antérieurs

Les attestations pour «nous» sujet préconsonantique ont été systématiquement relevées dans 8 cartes de l’ALF; dans d’autres cartes, différents facteurs perturbent le résultat. Malgré cette base solide, le polymorphisme qui caractérise nos données n’a pas été documenté. Toutes les formes de l’Est valaisan enregistrées dans l’ALF sont du type n; dans les parlers occidentaux (968 St-Maurice et Haute-Savoie), on voit apparaîtres des attestations du type n. À part cela, on y trouve des attestations isolées pour l’emploi de «on» pour «nous». Nous reproduisons ci-dessous deux extraits représentatifs qui illustrent ce constat. Dans les TP, la forme du CS1.pl n’est pas documentée. Deux brèves remarques se trouvent chez Marzys 1964: 21s. et 26.

ALF, carte n° 1201 «nous savions»	ALF, carte n° 318 «nous connaissons»

Analyse

Tous les parlers valaisans possèdent un CS1.pl précons. dont l’emploi est le plus souvent facultatif, mais avec des taux d’emploi très variables (chiffres précis dans le tableau des formes). Le polymorphisme, en ce qui concerne la nature de la voyelle, est assez élevé et couvre une large zone du trapèze vocalique (voir le schéma ci-dessous), avec des formes du type [nu], [no], [nø] et [nʏ] (et leurs allophones), plus rarement aussi [ɑ], co-présentes dans la plupart des parlers. À quelques exceptions près, ces formes correspondent aussi à celles du régime direct ou indirect préconsonantique (cf. carte n° 34030).

zone de réalisation de la voyelle du CS1.pl

Il a été impossible d’observer la moindre répartition géolinguistique significative des différents allophones dans l’espace valaisan, et il a été impossible d’identifier le moindre facteur significatif d’assignation fonctionnelle des différents allophones, qui alternent librement dans la bouche des mêmes témoins, et dans une même situation énonciative qui était celle de l’enquête dialectologique. L’hypo­thèse que dans certains cas, les formes observées résultent d’un phénomène d’harmonisation vocalique avec le contexte phonique n’a pas pu être étayée.

Pour le système bicasuel qui s’est développé pour les formes prévocaliques, voir les cartes n° 34020 et 34030.