Carte n° 52632: Verbes irréguliers: «faire», 3^e personne pluriel (3pl) de l’indicatif imparfait. (2): le morphème de l’imparfait

Corpus

La 3pl de l’indicatif imparfait de «faire» a fait l’objet de deux énoncés du questionnaire féminin: «Les jeunes filles se faisaient des tresses» (19 réponses utilisables) et «Les femmes mariées faisaient un chignon» (11 réponses utilisables). À cela s’ajoutent de très nombreuses attestations spontanées; en tout, notre corpus comprend 136 occurrences. Seul le parler de Vouvry n’est pas attesté.

Relevés antérieurs

La 3pl «ils/elles faisaient» n’est pas documentée dans les enquêtes géolinguistiques antérieures à la nôtre (ALF, TP). Elle manque aussi dans l’étude de la morphologie de «faire» de l’article correspondant de GPSR 7: 23-26 et 107-108.

Cartographie, analyse

Comme pour les cartes analogues de la 3sg (cartes n° 52340 et 52342), nous avons séparé ici l’information sur la forme du radical verbal et de la désinence de la 3pl (cartes n° 52630 et 52632).

Morphologie de l’imparfait

La carte n° 52632 montre trois types de formes:

(1) Les parlers occidentaux avec Fully et Chamoson, mais sans La Chapelle-d’Abondance, ainsi que quelques parlers de la frange orientale (Chalais, Miège, St-Jean et Torgnon), 10 parlers en tout, montrent en partie du moins une morphologie de nature analogique, correspondant à celle des conjugaisons 1A (morphèmes toniques en [ˈav, ˈaʋ]  à Fully, Troistorrents et Sixt; cf. carte n° 52602) et 1B (morphèmes toniques en ['iv]  à Torgnon, ['ɛv, 'iɛv, 'øv, 'əv]  à Chalais, Chamoson, Les Marécottes, Miège et St-Jean; cf. carte n° 52604). À cela s’ajoutent les formes qui ont amuï le [v], mais reflètent les deux mêmes types de conjugaison. Elles continuent à porter l’accent tonique sur le morphème de l’imparfait: formes en [ˈa, ˈɑ]  (['a, ˈɑ] à Arbaz et à Bionaz, [ˈɑ] à Bionaz et à Hérémence), en [ˈi, ˈɪ]  ([ˈi, ˈɪ] à Torgnon, en ['ø]  ([ˈø] à Conthey).

(2) Dans une grande zone centrale qui dépasse celle des parlers qui tendent généralement à amuïr le [v] intervocalique (parlers de Chalais, Conthey, Évolène, Fully, Hérémence, Isérables, Liddes, Lourtier, Montana, Nendaz, Orsières), on trouve de nombreuses désinences toniques en [ˈ, ˈan, ˈãŋ] , [ˈẽ]  (à Lourtier à côté de [ˈ]) et [ˈ]  (à Nendaz à côté de []), dans lesquelles la chute du [v] intervocalique a été suivie de la contraction du morphème de l’imparfait avec la désinence. En l’absence de documentations plus anciennes pour ces mêmes parlers, il est impossible de déterminer avec certitude si ces formes sont issues des conjugaisons 1A et 1B (type 1) ou si elles sont dues à la disparition (absorption par la consonne palatale qui précède) du morphème de l’imparfait [j] dans des formes du type (3), ci-dessous.

(3) Les formes «étymologiques» accentuées sur voyelle finale ([jˈ, jˈ]), qui représentent la conjugaison type des verbes qui ne sont pas issus de la 1^re conjugaison latine (comme c’est le cas pour «faire» < facĕre, imparfait faciēbant), caractérisées par le morphème de l’imparfait [j] , sont relativement rares dans nos matériaux (La Chapelle-d’Abondance, Miège, Savièse, Sixt, Torgnon). Elles sont souvent concurrencées par les formes des types (1) et (2).

• désinences

Les désinences qui portent l’accent tonique, correspondant aux types 2 et 3 ci-dessus, sont spécifiques de l’imparfait. Les désinences atones du type 1 ne donnent lieu à aucune observation particulière. Elles sont de la même nature et montrent le même genre de variation que celles de la 3pl de l’indicatif présent (cf. les cartes n° 51611 et 51620).