Carte n° 51320: Verbes irréguliers: «voir», 3^e personne singulier de l’indicatif présent

Corpus

La 3^e personne singulier de l’indicatif présent de «voir» a fait l’objet de deux énoncés dans le questionnaire commun («Une montagne qu’on voit bien depuis chez vous» et «On voit le clocher de loin») et de trois énoncés dans le questionnaire masculin («On ne voit plus souvent des éperviers», «Il voit le soleil qui se lève», «Elle voit la lune qui se couche»). Avec trois à cinq attestations pour chaque parler, on commence à apercevoir le polymorphisme qui caractérise le paradigme de «voir» dans nos parlers, ce que les formes individuelles recueillies pour la 1^re et la 2^e personne (cartes n° 51190 et 51220) ne permettent pas.

Relevés antérieurs

La forme «on voit» est attestée par la colonne 30 des TP. Les formes relevées sont très proches de celles que nous avons enregistrées presque un siècle plus tard; dans les notes des TP que nous ne reproduisons pas ici, on voit même apparaître le polymorphisme qui caractérise nos parlers.

TP col. 30 «on voit»

Cartographie, analyse

Comme cela est attendu pour tous les verbes francoprovençaux au présent de l’indicatif dont le radical se termine par voyelle (cf. les généralités mentionnées au début du commentaire de la carte n° 51110), la 3^e personne du singulier présente en principe le radical verbal «pur», sans désinence. Les parlers de l’Est valaisan (Lens et Montana dans nos données, Miège dans celles des TP) peuvent cependant conserver facultativement un -[t] morphologique. Le [k], en revanche, qui apparaît à Évolène, est purement phonétique («diphtongue durcie», traditionnellement appelée «consonne parasite»; cf. le commentaire de la carte n° 41310, note [1]). L’emploi du clitique sujet «il» ou «elle» est facultatif; le sujet indéterminé «on», évidemment, ne peut pas être omis.

La carte montre une répartition des différentes formes proche de celle observée pour la 2^e personne du singulier (carte n° 51220):

• les formes en [i, ʏ] se trouvent essentiellement dans les parlers «épiscopaux» au nord et à l’est de Sion,
• les formes en [e, ɛ, ø] et en [a] se partagent le Valais central et occidental, sans répartition géolinguistique très nette. Dans plusieurs parlers, les deux types coexistent, et il n’est pas exclu qu’un nombre d’attestations plus élevé augmenterait encore ce phénomène.
• À cela s’ajoutent certaines voyelles diphtonguées ([v'ei, v'ɛɪ, vɛj, v'ɪj; vaj, vˈae], etc.), indiquées par un trait au milieu du symbole (, ).

Dans nos données, le [v]- initial, souvent fragile dans les parlers du Valais central et oriental, ne s’amuït qu’à Lens et à Montana, mais les formes «pleines», avec [v]- initial conservé, y sont également attestées.

N.B. L’informatrice de Nendaz utilise le verbe synonyme [avˈeʁ] à la place de [vˈeːʁə] ‘voir’.