Carte n° 51560: Verbes irréguliers: «venir» et composés, 2^e personne pluriel (2pl) de l’indicatif présent et de l’impératif

Corpus

La carte n° 51560 s’appuie essentiellement sur deux énoncés du questionnaire féminin: «Vous vous souvenez des histoires que grand-papa racontait?» et «Ne venez plus jamais! Je ne veux plus vous voir.» Comme pour la carte analogue de l’infinitif (carte n° 41320), l’information recueillie est légèrement incomplète, «se souvenir» pouvant être remplacé par «se rappeler» et l’impératif «venez» par «tournez» avec son sens spécifique de ‘mouvement de retour en arrière’ (cf. la carte n° 71200). Grâce à des reformulations et quelques énoncés spontanés, nos matériaux permettent tout de même de documenter 21 parlers sur 25.

Relevés antérieurs

La 2pl de «venir» est attestée dans la col. 332 des TP; l’impératif correspondant fait l’objet de la carte n° 1367 de l’ALF.

Analyse

La grande diversité des formes recueillies par l’ALF, les TP et notre propre enquête pour la 2pl de l’indicatif présent de «venir» est due à la superposition de plusieurs phénomènes phonétiques et morphologiques indépendants.

• Pour le radical du verbe (< lat. ven-),

– la chute du [v] initial dans plusieurs parlers du Valais central explique les formes recueillies à Arbaz, Hérémence, Nendaz et Savièse ainsi que, en partie, à Conthey, Lens et Montana,

– la palatalisation du [n] en [ɲ] qui s’observe dans certaines formes relevées à Chalais, Conthey, Nendaz, St-Jean et Savièse, s’explique vraisemblablement par analogie avec les formes de la 1sg ([vˈiɲɔ] ‘je viens’).

• À cela s’ajoutent les différentes formes que peut prendre la désinence de la 2pl d’un verbe en lat. -īre:

– la voyelle finale, souvent porteuse de l’accent tonique, peut se présenter comme [i], [e] ou [ei],

– comme dans le cas de l’infinitif (carte n° 41320), le [n] final du radical peut provoquer la nasalisation des désinences; celle-ci s’observe dans les formes de Troistorrents et Val-d’Illiez ainsi que, en partie, à Montana, Orsières et St-Jean,

– le maintien du -d- morphologique provenant de la désinence latine ‑tis de la 2pl (dans lat. venītis; cf. aussi le commentaire de la carte n° 51510) apparaît dans trois parlers (Arbaz, La Chapelle-d’Abondance et Torgnon),

– comme dans d’autres cas (cf. les cartes n° 51510 et 51535), le parler d’Évolène maintient en partie le ‑[s] final morphologique de la désinence latine ‑ītis.