Cette réduplication pronominale est caractérisée par son accord avec la personne grammaticale, comme le montrent les exemples analogues à la deuxième personne du pluriel (cf. carte n° 35050). Elle se distingue ainsi de l’interrogation avec la particule interrogative «ti» d’origine analogique (< -t-il), formellement très proche, bien attestée dans de nombreuses régions dialectales de la France (Nord de la France, Vosges, Massif Central, cf. ALF carte 1417) et qui, à la fin du XIX^e et dans la première moitié du XX^e siècle, s’employait également en français familier et populaire (cf. Behnstedt 1973: 14s.) dans des phrases du type «je peux-ti venir?», «tu viens-ti?», etc. Le français québécois connaît les mêmes emplois, en remplaçant «ti» par «tu» (Léard 1995: 220s.). La particule interrogative «ti» est invariable et s’est propagée à toutes les personnes verbales («je peux-ti, tu veux-ti, vous voulez-ti», etc.; cf. Foulet 1921: 278s.). Dans les parlers étudiés ici, ce cas de figure est  attesté à Fully et à Torgnon – il peut être difficile à identifier à la 2^e personne du singulier étant donné sa proximité formelle avec la réduplication pronominale, mais apparaît très clairement à la 2^e personne du pluriel où, à la place de «Vous aimez-vous» on trouve «vous aimez-ti».

Un problème d’identification de la réduplication pronominale apparaît parfois dans le cas des verbes qui possèdent un emploi réfléchi facultatif (cf. en français: «Es-tu assis» /v/ «T’es-tu assis»). Un énoncé tel que

ne laisse aucune place à l’hésitation quant à l’emploi de la réduplication, car on y identifie le clitique sujet double, en pro- et enclise ([t] et [h]), à côté du pronom réfléchi [t].

Il en va autrement de la réponse suivante du témoin masculin de Lens qui admet deux interprétations:

Il est impossible, ici, du point de vue de la forme et du sens, de déterminer avec certitude si le [t] devant «acheter» est un clitique sujet ou un pronom réfléchi. Les deux formes sont strictement homonymes, et les deux interprétations sont possibles, même si la fréquence de la réduplication pronominale, dans nos matériaux de Lens, font plutôt pencher la balance en faveur de la première interprétation. Quoi qu’il en soit, nous avons écarté tous les énoncés ambigus de ce type de notre tableau, pour éviter de fausser les statistiques.

Mentionnons pour terminer que la tournure interrogative sans clitique sujet , bien présente dans 8 parlers pour la 2^e personne du pluriel (carte n° 35050) n’apparaît que dans trois énoncés de la 2^e personne du singulier sur plus de 500 énoncés interrogatifs de notre corpus, chez les informateurs de Nendaz et de Vouvry, lorsqu’un pronom sujet tonique de la 2^e personne est employé dans le même énoncé:

tʰʊ - wɔ -  maˈ
Toi {^tu vas / vas^-tu} au mayen? (NendazM)

La syntaxe des questions partielles formées avec «que» et «où» est examinée aux cartes n° 71320 et 71330.