Même si le nombre d’occurrences est moins élevé que pour le pluriel «mes» (carte n° 23014), la carte illustre la même tripartition du domaine:

(1) les parlers occidentaux (Cha­blais, Haute-Savoie) distinguent les deux genres (masculin [su]/féminin [sɛ/se]);

(2) une zone centrale neutralise l’opposition de genre: [si/sʏ] dans la région de Martigny et l’En­tre­mont, [ʃɛ] et allomorphes dans les autres parlers de la rive droite du Rhône, à Chalais et à Bionaz. Dans certains parlers, les formes en [i] et en [ɛ] (parfois centralisées en [ʏ], [ə]) coexistent. À Isérables, les formes de ce type servent égale­ment comme possessif de la pluralité « leurs» (cf. GPSR 3: 601 et la carte n° 23060).

(3) une petite zone orientale, au sud du Rhône, distingue de nouveau les deux genres (masculin [ɕo/ɕoʊ] / féminin [ʃɛ] à St-Jean); pour Hérémence où nous n’avons recueilli que la forme féminine, l’opposition est attestée par Lavallaz 1935: 203.

Comme toujours, devant voyelle, la consonne de liaison est [z] ou [ʒ], selon les parlers.

Le déterminant possessif n’apparaît pas dans plusieurs parlers orientaux (Arbaz, Évolène, Hérémence, Lens, Montana, Miège, Nendaz, Savièse) qui semblent privilégier l’adjectif possessif, le pronom personnel ou le possessif zéro. À Chamoson, le déterminant possessif fait même l’objet d’une auto-correction, mais le nombre d’attestations à notre disposition est trop faible pour en déduire une règle générale:

[ɕe maã - e mɑ tʁɑm] (ChamosonF)
Ses mains .. les mains tremblent.

Le possessif zéro est très fréquent. Il est présent partout, et seul attesté à Arbaz, Lens, Liddes, Miège, Nendaz et Torgnon.

L’adjectif possessif n’apparaît qu’à Évolène, à côté du possessif zéro. Une auto-correction indique cependant que le possessif zéro pourrait y être plutôt inusité:

[lɛ m - ʃˈawɛ mˈŋʃə lø krˈʏbʎɛn] (ÉvolèneM)
Les m .. siennes mains elles tremblent.

Quant à l’énoncé suivant, le possessif zéro dans le deuxième élément de l'énumération («ses frères et ses sœurs») pourrait avoir été utilisé pour éviter la répétition, en dépit de l’affirmation de Pannatier 1995 selon laquelle «tout» provoquerait en général l’emploi du déterminant possessif:

[la ʃnˈãna k vỹ lʏ vɛʁˈe tʃɥi le ʃj frɑr ə tˈtə l ʃˈʊrᵊ] (ÉvolèneF)
La semaine que vient elle verra tous les siens frères et toutes les sœurs.

À la différence du singulier, où le substitut du possessif (à + pronom personnel) n’apparaît pas dans nos matériaux (cf. les cartes n° 23030 et 23032), celui-ci est présent dans deux parlers de la rive droite du Rhône, Savièse et Montana, appartenant à la zone qui ne distingue pas les deux genres pour le déterminant possessif (cf. Marzys 1964: 60). D’après les exemples recueillis, cette tournure semble surtout servir à désambiguïser le genre grammatical du possesseur («ses mains à lui», «ses yeux à elle»), et elle est porteuse d’une insistance particulière. Dans l’exemple suivant de MontanaM, l’énoncé est accompagné d’un geste déictique explicite, qui souligne la mise en relief; dans celui de SavièseF, le pronom personnel porte un accent d’insistance prononcé:

[l mãŋ a lɥik trˈemblɔn] (MontanaM)
Les mains à lui tremblent.

[dɪ kˈɪtɐ kʊː ʃœn te ʏ ʒ ɥe a lɪ] (SavièseF)
De quelle couleur sont-ils les yeux à elle?

Exceptionnellement, les exemples enregistrés à Bionaz ne comprennent pas la tournure de + pro­nom personnel. Seuls le déterminant possessif et le possessif zéro sont attestés.