Dans tout le Valais, sauf à Évolène, Hérémence, Montana, Arbaz et Savièse, nous avons re­levé le déterminant possessif [ma]/[mɑ]: [ma vzˈen] ‘ma voisine’ (IsérablesF), [ma bˈuba] ‘ma fille’ (LiddesF), etc. Avec le possessif zéro (type «la fille» pour «ma fille»), c’est la seule forme attestée dans les parlers du Chablais et en France voisine. Nous n’avons observé aucune opposition casuelle sujet/régime (à ce sujet, cf. aussi Lavallaz 1935: 205), à la différence de ce qui se produit pour l’article défini dans la plupart des parlers de l’Est valaisan. En position prévocalique, comme en français, c’est une forme identique au masculin qui est employée: [mʊn ˈⁿta] ‘ma tante’ (MarécottesF), [mʏn ˈaãt], ‘ma tante’ (ValdIlliezF).

Dans tout le Valais, à l’exception d’Évolène (ainsi que du parler haut-savoyard de Sixt), le possessif zéro est bien présent. C’est la seule forme attestée dans les réponses obtenues à Arbaz, et c’est la forme dominante dans plusieurs points d’enquête.

L’adjectif possessif [lʏ mɛɪ] (Évolène), [a mɛɪʏ] (Lourtier), etc. apparaît dans une zone cohérente sur la rive gauche du Rhône, entre le Val d’Hérens et l’Entremont: avec article défini à Isérables, Nendaz et Évolène, avec ou sans article à Lourtier, sans article à Orsières. La lacune, au sein de cette zone (Hérémence), est due aux aléas de l’enquête: les formes analogues sont représentées à Hérémence pour d’autres personnes du paradigme (cf. les cartes n° 23012, 23014, etc.). Comme l’article défini, l’adjectif possessif s’accorde en genre et en nombre avec le substantif (cf. les cartes n° 23012 et 23014). Les attestations disponibles ne permettent pas de déterminer si le polymorphisme du possessif observé à Isérables ([ɪ maˈeœ vɛʒˈene] ‘la mienne voisine’, sujet /v/ [a majˈɑ bɑrˈakə] ‘ma maison’, régime) reflète un vestige d’opposition casuelle. Un polymorphisme analogue, sans distinction fonctionnelle, a été décrit pour le parler voisin de Nendaz (Praz 1995: 638), où i mouey ‘la mienne’ alterne avec i mouâa, ce dernier formé par analogie sur les formes de la 2^e et de la 3^e personne (i tàvoua, i chàvoua).

Les parlers de la rive droite du Rhône, entre Montana et Fully (à l’exception d’Arbaz et de Conthey), privilégient l’emploi du pronom personnel précédé de à ([a m, a mœ], etc.), en lieu et place de l’adjectif possessif. Le constat de Marzys 1964: 60-61 pour Savièse est confirmé: quelque 40 ans après son enquête, l’adjectif possessif y semble définitivement sorti de l’usage. La même tournure apparaît aussi à Nendaz et à Hérémence. Selon Praz 1995: 628, à Nendaz, elle ne menace cependant pas l’emploi de l’adjectif possessif qui reste fréquent, mais celui du déterminant possessif qui serait peu usité.

Le parler de Bionaz est le seul, dans notre corpus, à utiliser le pronom personnel précédé de de (type [lɑ vʏsˈja də mɛ]). D’après les informations à notre disposition, cette tournure est cependant bien attestée dans d’autres parlers de la région d’Aoste aussi.