Carte n° 41320: Verbes en -īre: l’infinitif de «venir», «tenir» et leurs composés

Corpus

La carte s’appuie sur toutes les occurrences, dans nos matériaux, des infinitifs «venir», «tenir» et de leurs composés («devenir», «revenir» «entretenir», «se souvenir») qui représentent tous le même type de conjugaison. Quand la forme utilisée par les témoins est la même dans leurs différentes réponses, nous la transcrivons une seule fois dans la liste des énoncés et dans le tableau des formes observées ci-dessous; sinon, nous fournissons un exemple pour chaque allomorphe.

La majorité des réponses provient du corpus féminin, où les questions consacrées à la morphologie verbale ont été plus nombreuses. Le corpus présente cependant de nombreuses lacunes. D’une part, pratiquement tous les verbes mentionnés possèdent des synonymes: «revenir» est souvent rendu par [tɔʁnˈɑ], «se souvenir» par [sɛ rapɛlˈa], «entretenir» par [s okypˈa], etc. D’autre part, certains énoncés que nous avons formulés au futur composé («Vas-tu te souvenir de moi?») ont été rendus au futur simple, le futur composé étant d’un emploi limité dans les parlers valaisans.

Relevés antérieurs

L’infinitif «venir» fait l’objet de la col. 390 «(le médecin a dû) venir» des TP qui recense la plupart des formes que nous avons encore pu recueillir près d’un siècle plus tard, mais sans pouvoir illustrer le polymorphisme que nous avons observé dans plusieurs parlers (cf. ci-dessous). La carte ALF 1360 «(ils devaient pourtant) venir (aujourd¨hui)» n’apporte pas d’informations supplémentaires.

TP col. 390 «(Le médecin a dû) venir»

Cartographie

Les parlers valaisans présentent 6 types d’infinitifs qui remontent tous à l’infinitif latin -īre, par différentes évolutions phonétiques. Souvent différentes formes coexistent dans un même parler. Ce polymorphisme a déjà été observé par la recherche dialectologique du début du XX^e siècle (cf. Fankhauser 1911: 59); la plupart des formes a également été relevée par les TP, col. 390 (cf. ci-dessous):

– formes «de base» du type [venˈi],

– formes qui présentent une diphtongaison de la désinence du type [venˈei],

– formes qui présentent une «diphtongue durcie» en -[i, ik] (pour la notion de «diphtongue durcie», cf. la note 1 du commentaire de la carte 41310).

À ces trois types de base s’ajoutent les formes dans lesquelles le [n] de la base verbale provoque une nasalisation de la désinence :

– formes nasalisées «de base» du type [venˈ],

– formes nasalisées diphtonguées du type [venˈẽ],

– formes nasalisées des diphtongues durcies du type [venˈŋ].

Pour ne pas surcharger la carte, nous n’y tenons pas compte de l’amuïssement du [v]- initial (formes du type [en'i, in'i] ‘venir’) dans de nombreux parlers.

Analyse

Cette carte complète et précise la carte 41310 «dormir», autre verbe dont la désinence en -[ir] est précédée d’une consonne nasale. La majorité des parlers possède un infinitif en -i. La nasalisation de la désinence, sous l’influence du -n- final de la base verbale, n’est pas rare. Les formes à diphtongue durcie sont groupées dans la région de Sierre, où elles sont pourtant concurrencées par des formes nasalisées «simples» et des formes nasalisées dipthonguées. Les formes nasalisées diphtonguées se retrouvent dans les deux parlers du Val d’Illiez.

Dans certains parlers du Valais épiscopal (Évolène, Nendaz, St-Jean), on observe la palata­lisation du [n] final de la base verbale en [ɲ], vraisemblablement par analogie avec les formes de la première personne du singulier ([vˈiɲɔ] ‘je viens’).