Carte n° 53210: La morphologie de la 2^e personne singulier (2sg) du futur simple

Corpus

Nos matériaux comprennent deux énoncés à la 2sg du futur simple, dans le questionnaire féminin: «Quand est-ce que tu viendras?» et «Tu verras bien: à ton anniversaire, ton fils viendra». Pour «tu verras», nous avons recueilli 23 réponses; pour «tu viendras», 4 réponses sont au présent, de sorte que nous ne disposons que de 19 réponses. Comme pour beaucoup d’autres cartes concernant la morphologie verbale, les informations manquent pour Chalais et pour Vouvry.

Relevés antérieurs

La 2sg du futur simple fait l’objet des cartes ALF n° 28 «toi, tu iras» et 575 «finiras-tu». La carte n° 575 témoigne des mêmes problèmes que notre enquête: plusieurs réponses sont au présent ou au futur composé. Mais elle a l’avantage de documenter le futur périphrastique valdôtain «finis-tu puis» ‘finiras-tu’ au point 975.

La 2sg du futur simple n’a pas été relevée par les TP.

Cartographie, analyse

Dans nos matériaux, la carte de la 2sg du futur simple montre de nombreuses ressemblances avec celle de la 1sg (carte n° 53110): ce sont les désinences en ‑[ri] et en ‑[re, rɛ] qui dominent pour les deux personnes. Dans de nombreux dialectes, ‑[ri] et ‑[re], apparaissent aussi bien à la 1^re qu’à la 2^e personne (‑[ri] pour les deux personnes à Arbaz, Évolène, Isérables, Nendaz; -[re] aux Marécottes et à Sixt). Dans plusieurs parlers, au centre et à l’est du domaine (Chamoson, Conthey, Montana, Hérémence), ‑[ri] et ‑[re] existent aussi simultanément pour la 2^e personne. Ce phénomène apparaît déjà dans les relevés de l’ALF (formes en ‑ et ‑ĭ au point 978). Il n’est pas exclu qu’un nombre plus élevé d’attestations (et avec d’autres verbes) permettrait d’identifier encore d’autres parlers qui utilisent les mêmes désinences pour les deux personnes. Dans ces circonstances, la distinction des deux personnes grammaticales n’est assurée que par l’emploi obligatoire du clitique sujet à la 2sg (cf. à ce sujet le commentaire de la carte n° 32020). On notera aussi que pour le futur, ce sont les formes des 1sg et 2sg qui sont semblables ou identiques, alors que les formes en ‑[ri] manquent à la 3sg (carte n° 53310), contrairement à ce qui s’observe à d’autres temps et modes où la morphologie de la 1sg se distingue des 2^e et 3^e personnes qui elles sont identiques.

Les formes en ‑[rø], ‑[rœ] à Lourtier et à Troistorrents résultent sans doute d’une centralisation des voyelles antérieures [i] et [e], très fréquente dans nos parlers.

Comme à la 1sg (carte n° 53110), les attestations valdôtaines illustrent la coexistence d’un futur considéré comme incertain (forme du futur simple roman: [tœ vɛʀˈɛ] ), et d’un futur envisagé comme certain (futur périphrastique: [tə vˈaɪ pwi, tʏ vˈɛɪ pɛ] ).

Les formes interrogatives «tu viendras-tu» d’Évolène et d’Hérémence illustrent bien le phénomène de l’inversion pronominale complexe, avec réduplication du sujet pronominal (cf. à ce sujet le commentaire de la carte n° 32030).