Carte n° 51640: Verbes irréguliers: «venir» et composés, 3^e personne pluriel (3pl) de l’indicatif présent

Les cartes n° 51605 à 51685 documentent la morphologie de la 3pl de l’indicatif présent. Elles sont à comparer avec les cartes 51420 à 51490: en effet, pour certains verbes, les désinences de la 1^re et de la 3^e personne du pluriel tendent à être identiques ce qui, en l’absence d’un clitique sujet, facultatif, peut poser des problèmes d’identification des formes. Pour faciliter la comparaison, nous utilisons les mêmes symboles pour identifier les désinences individuelles des deux séries.

Corpus

La carte n° 51640 s’appuie principalement sur les données provenant de deux énoncés du questionnaire féminin: «Mes beaux-parents se souviennent de tout» et «Mes belles-sœurs ne se souviennent jamais de rien». Les informatrices de Chalais, Miège, Nendaz et Sixt ont répondu en employant un verbe synonyme de «se souvenir» («se rappeler», «s’adonner»). Grâce à des reformulations et de nombreux énoncés spontanés, nous avons tout de même recueilli 92 attestations; seuls les parler de Miège et de Nendaz ne sont pas documentés.

Relevés antérieurs

La 3pl de l’indicatif présent de «venir» n’a pas été systématiquement relevée par les enquêtes géolinguistiques antérieures à la nôtre (ALF, TP). La col. 273 des TP «on vient (m’appeler)», sur 15 parlers valaisans enquêtés, comprend cependant 10 attestations de la 3pl qui sert de substitut à l’expression du sujet indéterminé.

Cartographie, analyse

À la différence de ce qui a été observé pour la 2pl (carte n° 51560), la diversité des formes du radical verbal est bien moindre pour la 3pl. Nous nous limitons donc ici à une analyse des désinences, que nous avons voulu rendre un peu plus fine que dans les cartes n° 51605 à 51630, grâce au nombre plus élevé d’attestations disponiblesː dans les symboles de la carte, en plus du timbre de la voyelle, nous indiquons également la présence ou non d’une nasalisation et/ou d’un appendice nasal ([n, m]).

• Comme pour les autres verbes étudiés (cartes n° 51605, 51611, 61650, etc), la principale désinence de la 3pl, selon nos matériaux, est /Õ/ avec ses allophones [-, -n, -ɔm] , , . Les différentes formes varient souvent librement et ne sont que faiblement conditionnées par le contexte sonore (la consonne initiale de l’élément qui suit le verbe). Les formes en [-, -n, -ɔm] sont attestées dans 18 parlers sur 23, souvent seules, parfois aussi en concurrence avec d’autres formes.

• La désinence /Ã/ avec ses allophones [-, n] , est plus fréquente que pour d’autres verbes étudiés. Elle est seule attestée à La Chapelle-d’Abondance et à Sixt, en concurrence avec d’autres formes dans cinq autres parlers.

• La désinence /Ũ/ avec ses allophones [-, n] , , récurrente pour plusieurs verbes à Lens (cf. les cartes n° 51605, 51620, 51630), est également attestée ici pour Torgnon, mais pas pour Évolène où elle a été recueillie au début du XX^e siècle par les TP (cf. ci-dessus).

• La désinence [-] n’est attestée qu’à Orsières et à St-Jean, à côté de formes en [-].

• La désinence «affaiblie» [-, -n, -ən] , , se trouve sporadiquement dans plusieurs parlers, en général en concurrence avec les formes en -[] ou en -[], mais seule attestée à Évolène.

• La désinence -[] apparaît de manière isolée à Lourtier.