Carte n° 51610: Verbes en -āre à radical palatalisant: «travailler», 3^e personne pluriel de l’indicatif présent. (1) Les formes de la base verbale

Les cartes n° 51605 à 51685 documentent la morphologie de la 3^e personne pluriel de l’indicatif présent. Elles sont à comparer avec les cartes 51420 à 51490: en effet, pour certains verbes, les désinences de la 1^re et de la 3^e personne du pluriel tendent à être identiques ce qui, en l’absence d’un clitique sujet, facultatif, peut poser des problèmes d’identification des formes. Pour faciliter la comparaison, nous utilisons les mêmes symboles pour identifier les désinences individuelles des deux séries.

Corpus

Les cartes n° 51610 et 51611 «ils/elles travaillent» sont complémentaires. Elles utilisent les mêmes données, provenant de deux énoncés du questionnaire commun («Ils travaillent à l’écurie» et «Elles (les institutrices) travaillent à l’école»). Notre corpus contient quelques lacunes dues à des reformulations et des réponses au singulier, les formes du singulier («il travaille») et du pluriel («ils travaillent») étant homophones dans une enquête menée de manière purement orale en français. Quand nous nous sommes aperçus du malentendu, lors de l’enquête, nous avons souvent précisé l’énoncé, ce qui se reflète dans les réponses («Les hommes travaillent à l’écurie», «Eux ils travaillent à l’écurie», etc.). Sur 100 occurrences théoriquement possibles, nous en avons recueilli 87; malgré les lacunes, tous les parlers sont attestés au moins une fois. Les formes ambiguës qui ne permettent pas de déterminer si le sujet du verbe est au singulier ou au pluriel (entre parenthèses dans le tableau des formes), ont évidemment été exclues de l’étude de la morphologie du pluriel et n’apparaissent pas dans la carte n° 51611.

Relevés antérieurs

Le paradigme de «travailler» n’est attesté ni dans l’ALF – où on trouve cependant l’infinitif (carte n° 1324) que nous n’avons pas relevé – ni dans les TP.

Cartographie, analyse

Pour une meilleure lisibilité des cartes, nous avons séparé l’information sur la forme du radical verbal d’une part (ici) et sur la forme de la désinence de l’autre (carte n° 51611).

L’intérêt de la carte n° 51610 est de nature purement phonétique. Elle illustre les différents aboutissements du latin parlé populaire *trĭpaliāre ‘torturer’. Les formes relevées coïncident très largement avec celles de la 1^re personne du pluriel (carte n° 51420), mais sont légèrement plus complètes car le nombre d’attestations est plus élevé et le problème des lacunes (remplacement de «nous» par «on» à la carte 51422) ne se pose pas ici. Nous distinguons:

• l’évolution du -l- palatalisé qui aboutit à [j] , [ʎ] , [l/ʟ] , [d/ð/z] .
• l’évolution du -p- intervocalique > [v] (> [travaj- , travaʎ- , traval- , travad- ]).
  Celui-ci s’amuït ensuite dans les parlers du Valais central (> Ø ) et provoque ainsi le plus souvent une monophtongaison du radical (> [traj- , trɑaʎ- > traʎ- , tral- , traˈad- ]).
  Les formes bisyllabiques sans [v] ([trɑaʎ-, tra'ad-]) sont plus rares (Hérémence, Conthey); les symboles de la carte ne distinguent pas les formes mono- et bisyllabiques.