Carte n° 51336: Verbes irréguliers: «elle a / il a / il y a»: formes majoritaires (synthèse des cartes n° 51330, 51332 et 51334)

Généralités

La carte n° 51336 présente une vue d’ensemble des trois cartes consacrées à la 3^e personne du singulier de l’indicatif présent d’«avoir» (n° 51330 «elle a», n° 51332 «il a», n° 51334 «il y a») en se focalisant sur les formes les plus fréquentes pour les trois genres grammaticaux et les micro-structures morphologiques qui en résultent. Cette synthèse permet de distinguer quatre structures de base et quelques cas particuliers.

La présentation très concentrée des données dans le tableau des formes (p.ex. [j/ij  e/ɛ//ø/ə]) se lit comme suit: «le clitique sujet [j/ij] peut précéder les formes verbales [e/ɛ//ø/ə]». Pour chaque groupe de formes, nous donnons un exemple représentatif dans la liste des occurrences; tout l’éventail des formes réellement attestées se trouve dans les cartes n° 51330, 51332 et 51334. Les chiffres indiquent pour chacun des trois genres le pourcentage des formes majoritaires par rapport au nombre total d’occurrences.

(1) F=M=N: 9 parlers de l’Est valaisan (+ Torgnon) neutralisent complètement la distinction morphologique entre les trois genres, par différents moyens:

(1.1.) non-emploi du clitique sujet dans tous les cas à Arbaz,
(1.2.)   généralisation du clitique [j] à Chalais, Chamoson et Savièse,
(1.3.) généralisation du clitique [l] à Hérémence, Lens, Miège, Montana, Nendaz et Torgnon.
À Nendaz, l’emploi fréquent du clitique sujet zéro pour le masculin (plus de 40% des occurrences, contre 5% des occurrences pour le féminin) crée cependant une opposition de nature statistique entre les deux genres: les occurrences du féminin apparaissent comme nettement plus souvent marquées.

(2) F=M≠N: 9 parlers du Valais central et occidental (+ Bionaz et La Chapelle-d’Abondance) distinguent le masculin/féminin confondu du neutre, également par différents moyens:

(2.1.) Conthey et Lourtier distinguent le neutre [j] du masculin/féminin caractérisé par le clitique sujet zéro,
(2.2.)   Fully, Isérables, Les Marécottes et La Chapelle-d’Abondance distinguent le neutre [j] du masculin/féminin [l],
(2.3.)    Troistorrents, Val-d’Illiez et Vouvry distinguent le neutre [la j] du masculin/féminin [l],
(2.4.) Orsières réalise l’opposition entre le neutre et le masculin/féminin par l’emploi de [j ɛ] ‘il est’ pour le neutre, [l] pour le masculin/féminin,
(2.5.) Bionaz distingue le neutre [n a] (litt. ‘en a’ sans clitique sujet) du masculin/féminin [l].

(3) F≠M=N:

(3.1.) Évolène distingue le féminin [l] du masculin/neutre confondu [j]. Dans un tiers des cas, le neutre est cependant marqué par le type [lɛ a] (sans clitique sujet), ce qui permet à Évolène de réaliser un système à trois genres (type 4).
(3.2.) Le parler de St-Jean semble être en train de passer d’une structure de type (3) au type (1) : le témoin masculin distingue systématiquement le féminin [j] du masculin/neutre [l] (avec une répartition des formes inverse de celle observée à Évolène); l’informatrice féminine neutralise l’opposition dans la quasi-totalité des exemples enregistrés en utilisant [l] pour les trois genres, avec quelques formes résiduelles de [j] ou [ʎ] pour le féminin.

(4) F≠M≠N: Liddes et Sixt réalisent un système à trois genres, mais avec des moyens morphologiques différents:

(4.1.) [d] (féminin), [l] (masculin), [j ɛ] ‘il est’ (neutre) à Liddes,
(4.2.) [il/ʏl] (féminin), [al] (masculin), [j] (neutre).
(4.3.) Troistorrents et La Chapelle-d’Abondance possèdent des formes résiduelles assez importantes (30 à 40% d’occurrences d’[ɛl] pour le masculin) qui laissent penser à l’existence d’un système à trois genres plus ancien, recouvert actuellement par un système de type (2).