Carte n° 51220: Verbes irréguliers: «voir», 2^e personne singulier (2sg) de l’indicatif présent

Corpus

La 2sg de l’indicatif présent de «voir» a été relevée au moyen de l’énoncé «Tu vois la lune qui se couche» du questionnaire masculin. L’informateur de Savièse à répondu à la 3sg, celui de VouvryM2 à la 1sg. Sinon, tous les hommes ont traduit l’énoncé prévu. Quelques attestations supplémentaires se trouvent dans des énoncés spontanés de nos informatrices.

Relevés antérieurs

La forme «tu vois» est attestée par la carte n° 1409 de l’ALF «tu ne vois donc pas». Par rapport à nos données et celles documentées par les TP pour la 3^e personne du singulier (cf. le commentaire de la carte n° 51320), on est étonné par l’absence de formes au radical en [a], pourtant bien attestées au centre et dans l’ouest de notre domaine (voir ci-dessous).

Cartographie, analyse

Comme cela est attendu pour tous les verbes francoprovençaux au présent de l’indicatif dont le radical se termine par voyelle (cf. les généralités mentionnées au début du commentaire de la carte n° 51110), la 2^e personne du singulier présente le radical verbal «pur», sans désinence, et précédé du clitique sujet «tu» (cf. la carte n° 32020 pour la forme du clitique sujet).

La carte montre une répartition des différentes formes relativement nette et proche de celle observée pour la 1^re personne du singulier (carte n° 51190):

• les formes en [i, ʏ]  se trouvent essentiellement dans les parlers «épiscopaux» à l’est de Sion,
• les formes à voyelle d’aperture moyenne [ve, vɛ, vø]  sont surtout présentes dans les parlers du Valais central, sur la rive gauche du Rhône (les Marécottes, Liddes, Isérables, Nendaz, Hérémence et Évolène, ainsi qu’à Torgnon),
• les formes en [a]  sont plus fréquentes qu’à la 1^re personne du singulier: elles caractérisent les parlers du Val d’Illiez, Fully, Conthey et Chamoson sur la rive droite du Rhône, Lourtier et Orsières sur la rive gauche, ainsi que Bionaz et les deux parlers savoyards de notre corpus.
• À cela s’ajoutent certaines voyelles diphtonguées ([v'ei, v'ɛɪ, vɛj, v'ɪj; vaj, vˈae], etc.), indiquées par un trait au milieu du symbole (, ).

Nous n’accordons pas trop d’importance à la répartition géographique des formes en [e, ɛ] , etc. et en [a] pour laquelle les cartes n° 51190 et 52220 ne concordent pas toujours. Comme le montre la carte de la 3^e personne de singulier (carte n° 51320) où les occurrences sont plus nombreuses, les polymorphismes (co-présence de formes en  [e, ɛ], etc. et en [a]) dans un même parler) ne sont pas rares dans les parlers du Valais central et occidental.

La forme [vit] de Miège qui, étymologiquement, représente une 3^e personne (cf. les formes correspondantes de Lens et de Montana de la carte n° 51320), illustre l’identité systémique des formes verbales des 2^es et 3^es personnes en francoprovençal (cf. le début du commentaire de la carte n° 51110), ce qui a permis la propagation analogique d’une forme de la troisième à la deuxième personne.