Carte n° 42335: «mettre»: les formes du participe passé

Corpus

Deux énoncés du questionnaire étaient prévus pour relever le participe passé de «mettre»: «Cette semaine, huit brebis ont mis bas» (questionnaire commun; 13 réponses utilisables: «mettre bas» a souvent été remplacé par «agneler» ou «faire le petit», etc.) et «J’ai mis le chapeau du diman­che» (questionnaire féminin; 10 réponses utilisables). À cela s’ajoute l’énoncé «J’ai posé le foulard autour du cou» du questionnaire féminin que 23 informatrices ont reformulé en utilisant «mettre» à la place de «poser», ainsi que quelques énoncés spontanés. En tout, nous avons recueilli 71 réponses. Les parlers de Chalais et de Vouvry ne sont pas attestés.

Relevés antérieurs

Le participe passé de «mettre» fait l’objet de la carte n° 847 «j’ai mis (un verrou), je l’ai mis, je l’ai mise, elle est bien mise» de l’ALF. Les TP n’ont pas relevé la forme.

ALF carte n° 847 «j’ai mis», etc.

Cartographie, analyse

Comme la carte n° 42330 (participe passé de «pouvoir»), la carte n° 42335 montre en principe une tripartition (ou mieux: une double bipartition) de l’espace étudié, mais la répartition géolinguistique des formes est un peu moins nette:

(1)   bipartition morphologique entre

• d’une part le type [mətˈu, mɛtˈup, mɛtˈuɡ] () et [metˈy] (), etc. (< lat. *mĭttūtu), également attesté dans les dialectes italiens (Rohlfs III, §622), formé de manière analogique sur l’infinitif mĭttĕre. Attesté dans 16 parlers sur 25, c’est le type le mieux implanté dans notre espace dialectal.
• et d’autre part le type [me, mœ, mi] (), correspondant au français «mis», issu du participe latin classique mĭssu ‘mis’. Le phonétisme des attestations d’Évolène ([m]), Isérables ([mɛ]) et Sixt ([me, mɛ]) et les formes féminines relevées par l’enquête de l’ALF aux points 979, 988 et 989 (m) indiquent qu’il s’agit de formes autochtones, alors que celle de Val-d’Illiez ([mi]) pourrait être un emprunt récent au français. Les formes féminines recueillies par l’ALF montre par ailleurs que dans les parlers de l’Est valaisan, les résultats de mĭssu et de mĭttūtu (m et mtwy au pt. 989) ont coexisté et ont pu s’influencer mutuellement.

(2)   la bipartition purement phonétique du Valais central qui ne concerne que le type [mətˈu, metˈy], etc, entre

• les formes orientales qui conservent le vocalisme latin en [u] de la syllabe tonique [mətˈu, mɛtˈup, mɛtˈuɡ] (), etc. et qui sont souvent caractérisées par l’apparition d’une diphtongue durcie ou «consonne parasite» -[uk], -[up] ().
• les formes occidentales dans les parlers qui ont participé à l’évolution [u] > [y]: [mɛtˈy, metˈy] (), etc.

 : Dans nos deux points d’enquête du Chablais et ceux de la Vallée d’Aoste, le participe passé de «mettre» est remplacé par son synonyme «bouter»: [bətˈʊ, btɔ, bøtˈo], etc.; pour ce dernier, cf. GPSR 2: 692-695 s.v. bouter, bout, 10°.