Carte n° 42151: Verbes en -āre à radical palatalisant (conjugaison 1B): le participe passé de «tirer». (2) La forme de la désinence

Généralités

Les cartes n° 42110 à 42220 documentent la morphologie du participe passé des verbes réguliers de la 1^re conjugaison (lat. ‑ātu, ‑āta) selon la bipartition de ces verbes qui est caractéristique pour le francoprovençal:

– les cartes n° 42110, 42120 et 42130 (*assēdĭtātu, *assedĭtāta ‘assis, assise’) et 42140 («compté») pour des verbes sans radical à effet palatalisant (conjugaison 1A),

– les cartes n° 42150, 42151 et 42152 («tiré»), 42210, 42211 et 42212 («mangé») et 42220 («baillé» ‘donné’) pour les verbes dont le radical exerce une influence palatalisante (conjugaison 1B).

Corpus

Les cartes n° 42150, 42151 et 42152 «tiré» sont complémentaires. Elles utilisent les mêmes données, provenant de l’énoncé «J’ai tiré trois lièvres à la chasse» du questionnaire commun aux deux sexes. 48 informateurs sur 50 ont produit la réponse correspondante, mais dans 8 cas en utilisant des verbes alternatifs («tué, attrapé») qui n’appartiennent pas à la conjugaison 1B et qui ne seront donc pas étudiés ici. Malgré les lacunes qui en résultent, le participe passé de «tirer» est attestée dans tous les parlers à l’exception de Torgnon.

Cartographie, analyse

Pour une meilleure lisibilité des cartes et pour faciliter la comparaison entre les différents types de conjugaison (et les formes de l’infinitif), nous avons séparé l’information sur la forme du radical verbal d’une part (carte n° 42150) et sur la forme de la désinence de l’autre (ici, carte n° 42151). La carte n° 42152 présente la synthèse des deux cartes précédentes.

Les désinences du participe passé de «tirer» dans les parlers documentés correspondent dans leur quasi-totalité aux formes attendues pour un verbe de la conjugaison 1B (cf. les formes analogues de «mangé», carte n° 42211): toutes les formes actuelles remontent à la forme palatalisée tirier, tirié de l’ancien francoprovençal (cf. Hafner 1955: 63s.).

– Les désinences [-iˈa, -ja] sont le résultat attesté depuis l’ancien francoprovençal pour les participes en -ātu après radical palatalisant (Hafner 1955: 65s.). Dans nos parlers, elles ne se confondent pas avec le résultat de la conjugaison 1A (cf. les cartes n° 42110 et 42140): leur [a] peut se centraliser en [ɐ], mais ne se vélarise pas en [ɑ] > [ɔ].

– La désinence [jʊ] n’est attestée qu’à Bionaz dont le parler a généralisé de manière analogique la désinence [ʊ] de la conjugaison 1A à la plupart des verbes de la conjugaison 1B. La présence du [j] dans la forme [tœrɪjˈʊ] de Bionaz montre qu’initialement, il s’agit bien d’une forme palatalisée.

– Vraisemblablement, les désinences [je, jɛ] qui apparaissent à St-Jean et à Troistorrents à côté des formes en [ja] ne sont pas étymologiques même si [je, jɛ] est le stade antérieur, en ancien francoprovençal, de [-iˈa, -ja]. Plutôt que d’y voir une conservation des formes anciennes à côté du résultat actuel, nous pensons qu’elles s’expliquent de manière analogique par la forme de l’infinitif dont la désinence [je, jɛ] est régulière pour des verbes de la conjugaison 1B (cf. carte n° 41211).