Carte n° 24020: Le pronom démonstratif masculin singulier de la proximité

⇒ Pour les généralités concernant tous les démonstratifs, voir le début du commentaire de la carte n° 24010.

Corpus

La carte n° 24020 a été élaborée sur la base de deux énoncés du questionnaire commun: «Celui-ci a les cheveux roux» et «Les cheveux de celui-ci sont gris», à quoi s’ajoutent quelques réponses spontanées supplémentaires. La forme voulue manque pour Lourtier; pour Fully, Les Marécottes, Sixt et Vouvry, nous n’avons enregistré que la forme correspondante du déterminant (cf. carte n° 24024).

Relevés antérieurs

La forme du pronom démonstratif masculin de la proximité a été relevé par la carte ALF n° 207 «Celui-ci (il est bon, mais …)». Les TP n’ont enregistré que le déterminant «ce, cet» (col. 139 «ce drap de lit») et 375 «(Ayez pitié) de cet ouvrier». Les données de la col. 247 «ce fruit» sont inutilisables ici, le masculin frūctu ‘fruit’ étant souvent remplacé par le collectif féminin frūcta.

Dans l’ALF, deux réponses (points 979 et 989) reflètent la forme de la proximité stĭ, caractéristique pour les parlers de la région de Sierre, suivie de l’adverbe déictique de la proximité  (et variantes). La forme majoritaire de la proximité est s, s, , k, également suivie de l’adverbe déictique sé (et variantes) ou  (points 966, 967, 976, 977, 978, 986, 988). Aux points 868 et 975, le pronom de la proximité s est suivi du déictique du 1^er degré d’éloignement k. Les deux attestations savoyardes restantes (points 956 et 957) sont des formes du 1^er degré d’éloignement, aussi bien pour le pronom (s) que pour l’adverbe (k, ).

Dans les TP, comme pour le féminin (cf. le commentaire de la carte n° 24010), les formes de la proximité (tĭ, ĭ, sĭ) côtoient celles du 1^er (s, ), etc. et du 2^e degré d’éloignement (li). On observe cependant que les informateurs ont donné beaucoup plus souvent une interprétation «éloignée» au deuxième énoncé.

Les deux enquêtes (ALF point 977 Le Châble et TP point 23 Lourtier) attestent la forme de la proxi­mité caractéristique pour les parlers du Val de Bagnes (s, ), qui manque dans nos enregistrements.

Analyse

Dans nos matériaux, huit parlers surtout orientaux, mais aussi celui de Troistorrents, attestent le dé­monstratif masculin de la proximité  [sti, stiɡ/stik, stek], souvent seul, en emploi absolu – la proxi­mité étant suffisamment marquée par la forme du pronom –, parfois aussi associé à l’adverbe déictique de la proximité  [ʃi, si, ʃe, se].

La forme alternative de la proximité  [si, ʃi/ʃik], implantée surtout dans les deux tiers occidentaux du domaine, apparaît dans dix points d’enquête, également seule ou accompagnée de l’adverbe déic­tique de la proximité  [ʃi, si, ʃe, se] (ou  [ʃˈiʎa, ɕˈɛøʎa] à Évolène et à Torgnon). En partie, [si, ʃi] neutralise cependant l’opposition entre proximité et éloignement et fait reposer la distinction sur la forme de l’adverbe déictique (cf. les cartes n° 24022 et 24024 pour plus de précisions).

À Orsières, Bionaz et chez l’informateur de Torgnon, enfin, on trouve les formes pronominales ( [se] et  [sˈitə, sɪːt]) qui elles aussi neutralisent l’opposition entre proximité et l’éloignement; dans ce ca, de nouveau, la distinction repose sur la forme de l’adverbe déictique. Les deux témoins de Torgnon ne semblent pas représenter le même système.